ANNEE 3 (2021)
Retour aux travaux d'hiver... il faut bien s'occuper: transformation des terrasses plein champ en buttes bio-intensives
Forts de notre expérience positive sur les buttes permacoles installées l'an passé, conscients aussi de la nature assez ingrate de notre sol (argile et cailloux), qui sera long à se modifier si l'on ne fait rien, nous décidons de transformer nos 5 grandes terrasses (le coeur de notre production en extérieur) en buttes bien enrichies de matière organique.
Ce choix signifie que nous allons à nouveau bouleverser la vie du sol, qui avait déjà reçu un sérieux coup au moment du terrassement initial. Mais nous préférons améliorer considérablement la terre, au niveau de sa structure et de sa richesse organique, quitte à ce que l'équilibre soit rompu pendant deux-trois ans. De fait, nous n'avons pas regretté ce choix, puisque dès l'été suivant, nos nouvelles buttes ont très bien donné (à cause aussi d'un été bien arrosé, il faut le dire)
Alors, qu'avons-nous fait au juste? Difficile de généraliser, car le protocole a été différent à chaque fois: nous faisions avec la matière qui se présentait, et aussi en fonction des idées des membres de l'équipe ! Mais grosso modo, nous avons ajouté une grande quantité de fumier frais, amené par remorques de 2m3 (concession aux hydrocarbures...) depuis un centre équestre, et enfoui en lasagne avec des couches de terre, broyat, compost, feuillage...
A terme, nous avons défini notre "butte idéale". Petite démonstration en images, sur une butte "pédagogique" dont les différentes couches ont été mises à l'air, pour la bonne cause:
(à lire de bas en haut sur la photo!)
- on décaisse sur 20-30 cm, en mettant cette première couche de terre de côté
- on décompacte le fond de ce caisson sur 10-20 cm (ici, le sol commence à être assez dur!)
- on dépose une première couche de broyat (bon, ici ce sont des déchets de cuisine...), sur laquelle va suinter le fumier (ce qui lui évitera de se coller à la terre sans oxygène)
- la deuxième couche est formée de BRF, ou de brindilles fraîches (un petit emprunt à la technique Hugelkultur)
- en troisième couche vient le fumier, une bonne épaisseur (20-30 cm)
- on alterne ensuite les couches de terre et de fumier (en petites épaisseurs de 5 cm, pour que le mélange se fasse au mieux, et que la terre ne se compacte pas sur elle-même)
- dans les dernières couches viennent les coupes d'herbe, le compost mûr, puis les feuilles mortes
Les bacs surélevés sont très à la mode dans les petits jardins, non sans raison: ils sont esthétiques, et permettent de travailler confortablement; surtout, on peut y inclure toutes sortes de matériaux intéressants qui viendront se superposer et se mélanger au sol existant, et en faire ainsi une véritable îlot de fertilité. Mais il faut veiller à maintenir l'humidité dans le bac, et l'alimenter régulièrement en terre, car le tassement tous les ans y est important.
Hors de question bien sûr de multiplier ces bacs dans le jardin, d'autant plus qu'ils nécessitent une main d'oeuvre conséquente pour le remplissage. Nous nous contentons de deux bacs, de 40 cm de haut, surtout à titre démonstratif, mais aussi pour y mener des expérimentations. Cette année: quinoa et cerfeuil tubéreux.




Bien sûr il faut arroser si nécessaire au cours de la construction de la butte, pour y incorporer le maximum d'humidité et activer la fermentation.
Notons enfin que nous choisissons de donner à nos buttes la forme la plus plate possible, sorte d'intermédiaire entre les buttes classiques et les planches à grand-papa: l'expérience nous a montré que planter en pente n'est pas l'idéal, et que semer en pente est tout bonnement impossible; au final, on gagne en espace et en practicité à aplanir au maximum la surface d'accueil.
Ci-contre, la butte présentée au-dessus, refermée et défaite en mars de sa couche de feuilles, pour recevoir les premiers semis. Petit problème: la butte était loin d'être "prête" pour les semis, trop jeune. Nous avons donc ajouté du compost végétale (la couche noire) et compacté des sillons directement à la chaussure !
Année 3, notre terre est maintenant largement transformée, nos cuves de récupération d'eau sont pleinement opérationnelles, nous commençons tous à accumuler une bonne expérience, la balance qui nous permet de peser les récoltes n'a plus qu'à bien se tenir!
De fait, l'été 2021 fut une exception dans l'exceptionnel: nous avions essuyé deux sécheresses les années précédentes, cette fois les mois d'été furent étrangement arrosés et frais ! Une mauvaise nouvelle pour les tomates qui ont vite pris le mildiou en extérieur (heureusement nous en avons peu, et le traitement au bicarbonate a toute de même calmé le champignon). Mais une très bonne nouvelle pour les courgettes, haricots, betteraves, etc, qui ont donné comme jamais!
